lundi 7 décembre 2009

Saintelyon: mon premier ultra

Saint Etienne 19H40, le TGV s'arrête et la voix du contrôleur retentit:"la SNCF souhaite une bonne nuit...à tous les concurrents de la Saintelyon".

Je rigole franchement et d'autres personnes du wagon font de même. Ils sont nombreux les coureuses et coureurs montés dans ce train pour participer à la doyenne des raids. Mi trail, mi course sur route, 100% raid nocturne, cette course m'avait attiré à plus d'un titre depuis 2 ans. Trop peur de plonger directement sur du long et de me taper une galere à se dégouter de la course, j'avais reporté ma participation.

De lecture en lecture j'étais tombé sur le blog d'arthur baldur et de parcourir ses comptes rendus de course m'avait fortement donné envie d'en faire autant. Mais bon, quand on courre 3 fois par semaine, avec une sortie longue d'un max de 2 heures ca fait un peu short...De fil en aiguille j'ai fini par faire un marathon au printemps dernier (paris en 3H59), une expérience sympa mais qui m'avait fait mal aux jambes (fin de parcours difficile) et pas forcément le mega fun  tout le temps (courir en ville en fait c'est pas tout à fait ce que je préfère) même si l'émotion à l'arrivée était forte.

Mais de là à se lancer sur la STL ...il y avait un peu plus qu'un pas, finalement franchi en juin avec l'inscription en ligne pour la STL 2009...et 6 mois plus tard je me retrouve à marcher avec une foule de coureurs de la gare au parc des expos de St Etienne. C'est marrant il est à peine 20 heures, ca caille, il fait nuit et on croise des types en collant prêts à en découdre...il reste encore 4 longues heures à patienter .
Première étape, le retrait des dossards. L'intérêt de m'être inscrit très tôt c'est que j'ai eu droit à un dossard numéroté 103 donc dans la premiere file de retrait des dits dossards avec seulement 4 personnes devant moi, le pied pour moi qui déteste les files d'attente.

Le welcome pack est composé de l'essentiel: le road book 2009 , la fiche sécurité, la puce à accrocher à la cheville, le gobelet en plastoc réutilisable (une bonne initiative pour éviter les gobelets partout sur les chemins et des sacs poubelles a n'en plus finir aux ravitos mais force est de constater que nombre de gobelets ont cependant été perdus en cours de route car difficiles à arrimer au sac...) et la casquette Saintelyon qui va bien (verte comme ma veste coupe vent).

S'ensuit 3 heures d'attente à manger, boire, se reposer dans le duvet, vérifier la bonne marche de la puce, ne pas se faire marcher dessus par les innombrables coureurs qui traversent le parc des expos (plusieurs milliers de personnes dans cet espace qui fait presque exigu tant il y a de monde...)

23H15 je suis équipé de pied en cap et viens de laisser mon sac à la consigne, direction Lyon, me voilà plus léger.
Quelques bouchées de Gatosport plus tard, je pose pour la photo souvenir au stand Areva  avec  la legende en fond: "69 kms même pas peur"...hum me voilà pleinement rassuré.

23H45 il fait frais, mais il ne pleut pas (il a plu quelques gouttes a une heure du départ mais ca s'est heureusement arrêté juste à temps). Les 4500 personnes du raid individuel se pressent sur la ligne de départ, "Baby light my way " de U2 résonne et bientôt c'est le départ.

Je marche tranquillement jusqu'à l'arche de départ avant de déclencher le chrono, je verrouille le chrono et ... continue à marcher, pendant 200 metres, avant de trottiner pour remarcher 20 metres plus loin. La foule est compacte, les rues pas super larges, ca n'avance pas. En même temps je me dis qu'on a encore 69 bornes devant nous donc inutile d'en rajouter. Il n'empêche, la zone de départ c'est pas vraiment ça on marche, on trottine puis on courre dans une zone industrielle et commerciale, sans la frontale car l'éclairage public est largement suffisant. Ca grimpe au bout de quelques kilomètres, ca grimpe même pas mal en fait et soudain au bout de 58 minutes, les lumières disparaissent et on se retrouve sur un petit chemin.

j'allume la frontale et c'est parti on accélère un peu sur le chemin qui s'avère très vite être franchement boueux, avec des ornières bien profondes, remplies d'eau, comme on pouvait s'y attendre. Finalement la première section passe assez rapidement je courre sans cesse, marche vite dans les montées mais sans chercher à forcer comme on me l'a conseillé. (merci Jean Luc et Stéphane pour ces judicieux conseils)

Premier ravito: 

St christo en Jarez je ne m'arrête pas comme prévu et continue direct sur la suite, je passe de la bouteille de solution isotonique au camel back d'eau et attaque une premiere barre ovomaltine, tranquillement en marchant (en courant c'est hard de bouffer en même temps...) , la suite de l'aventure est la même, des chemins de la boue, des caillasses, un peu de bitume, je courre, marche et désespère devant le sublime panneau peu après le ravito: arrivée à 50 KMS (là c'est de la torture mentale), j'essaye d'accélérer en descente et de marcher régulièrement et vite en montée sans trop perdre de temps sur les parties un peu plus plates.
Grosse partie de fun entre le ravito de St Moreau (que je zappe également) et ste catherine et continue à bonne allure (relative la bonne allure hein :o) ) vers sainte catherine ou je m'arrête pour recharger le camel. JE m'envoie un premier gel coup de fouet, les montées s'enchaînent et c'est assez long, faut marcher, puis courir dès que c'est possible avant de remarcher 300 mètres plus loin...La descente dans le bois d'arfeuille est notée "technique" dans le road book et c'est vrai que les pierres , la bouillasse et les feuilles associées à une bonne pente n'aident pas vraiment au confort...je trouve peu à peu mon rythme d'alimentation (jamais fait d'aussi longue course avant donc forcément on tâtonne par moments) avec un gel ou une barre tous les 3/4 d'heure environ, sinon je sens que ca va pas trop passer. Et au vu des nombreuses personnes qui vomissent en marge des chemins et au beau milieu des ravitos je fais franchement attention sur les aspects alimentation. Par contre je continue a boire très régulièrement sans souci.
Je zappe le ravito de St Genoux et continue sur ma lancée dans une descente assez longue vers soucieu en Jarrest ou je fais un stop ravito camel back , verre d'eau à bulles et pâte de fruit. Un petit coup d'oeil au profil de la course me fait vite comprendre que les 2 prochaines heures vont pas être forcément très drôles: il y a une succession de 2 belles bosses à négocier avant une bonne descente avant d'arriver au ravito de Beaunant situé à 12 kilomètres de soucieu. J'ai dépassé la distance du marathon et je suis encore capable de courir donc va bene , avanti tutti, on y go...

Beaunant 


Petit problème technique du côté de mon cardio , je n'ai plus de vitesse indiquée, l'accéléromètre a décidé de me faire faux bond, je n'ai plus ni vitesse instantanée, ni distance totale, mega shit., la faute à la  boue sans doute...me reste l'heure et les pulsations cardiaques...
cette partie s'avère assez longue, mine de rien les 12 bornes qui séparent les 2 ravitos quand tu es bien cramé après 45 bornes tu commences à les ressentir. Du coup je m'arrête au ravito de Beaunant le temps de boire un nouveau verre d'eau à bulles, c'est frais et ca désaltère et en plus ca aide à diluer le 2 eme gel coup de fouet (Schlaka, spéciale dédicace à Seb) , indispensable petite précaution avant ce qui se profile à l'horizon. Car lire le road book ca sert généralement pas mal et en l'occurrence ca m'a évité de (trop) râler. En effet, juste à la sortie de ce ravito, je me retrouve nez à nez avec une bonne grosse côte à gravir en marchant (en courant faut vraiment en vouloir, surtout après 57 kilomètres au compteur...) . PAs de panique, j'ai 26 minutes d'avance sur le timing le plus optimiste que j'avais sorti (timing issu du fichier de M. Remy Poivert, basé sur le temps référence 8H20 min nécessaire à l'obtention de la Saintelyon de Bronze, au passage, ce soft est super efficace, j'ai été bluffé). donc je marche dans la côte sans chercher à pousser trop fort sur les jambes, c'est long ca use et après ca il y a encore une dizaine de bornes à aligner.
La bonne blague du jour c'est le changement de parcours opéré par rapport au plan à ma disposition...Je ne comprends rien, ca monte tout le temps, ca n'en finit pas c'est long et c'est casse pattes dans le vieux Lyon. Je marche souvent, pas mal de coureurs me dépassent mais là honnêtement je m'en fiche complètement il est presque 7 heures du mat, je commence à être vanné et je sais que ce 'est pas tout à fait fini à en croire les échanges que j'ai eus sur la fin de course et tout ce que j'ai pu lire ici ou là, la fin est longue et usante "il faut en garder sous la semelle, sinon tu pleures sur les quais" (le road book 2009 est d'ailleurs ainsi libellé sur ce passage: "la descente finale sur Lyon (quelques descentes raides et escaliers qui font mal aux jambes), la remontée sur Fourvière (nouveauté 2009) et les derniers kms quasiment plats mais qui paraissent interminables aux finishers il faut en garder absolument pour ce final sinon c'est un cauchemar" sic)...
Paroles de sage, je me méfie donc et reste cool dans les dernières montées, préférant marcher quand ca tire un peu (quelle feignasse). Bon mais ce dernier ravito ils l'ont planqué où? Parce que là il est 7H15 , je commence à cailler par moments et j'en ai un chouilla marre de me casser les pattes dans les escaliers, de courir sur les pavés du vieux Lyon .

Dernière section... 


Ah le ravito, enfin. Je refais un stop (petite parenthèse, au marathon de Paris je m'etais arreté au ravito du 40 ème kilomètre, un coup à ne pas repartir...) pour boire un bon verre d'eau pétillante et sortir l'arme secrète du moment le gel red stonic sprint air, au bon goût de menthol, le truc qui te réveille -...ca passe nickel, pas de nausée (j'avais jamais testé ce truc avant ce qui n'est pas la meilleure idée...) et repars en courant me taper les  5 dernières bornes... JE me dis que j'irai jusqu'au bout en courant à une vitesse correcte sans marche sauf si ca monte mais c'est tout plat la fin de parcours, donc faut juste s'accrocher .
La fin de parcours se fait en longeant les quais, c'est vraiment long, pas très drôle comme partie de parcours et déprimant quand on se fait dépasser notamment par les relayeurs qui sont un peu plus frais, d'ailleurs ca m'énerve un tant soit peu et j'accélère...Enfin après un dernier virage, on tombe sur les éclairages du parc Gerland, une petite course près des bassins encore un virage et une ligne droite vers l'arche Nike, mais ca continue encore quelques 100 metres plus loin dans le hall de gerland ou se situe l'arche finale.

Gros moment d'émotion je suis super content avec un joli t shirt "finisher" en prime et je viens de terminer en 7H 44, bien au delà de mes estimations les plus optimistes , c'est cool.

Entrainement pour la Saintelyon: 

Pour me permettre d'envisager de finir la course en courant le plus longtemps possible j'ai basé mon plan sur un plan marathon en 10 semaines auxquelles j'ai ajouté un cycle de 4 semaines de preparation: de la vma et du seuil...
Modification par rapport au plan marathon classique, je  n'ai pas fait de seance de seuil mais intégré par moments une allure marathon dans es longues sorties. Les sorties ont été allongées selon le système de bloc pour atteindre en cumul max: 52 kms sur 3 jours: 2 sorties longues d'affilée sur 2 jours et un footing sur une heure le troisieme.
Autre modif, ajout de seances de renforcement musculaire et de sequences marchées dans les sorties longues ou en plus, notamment dans des escaliers...ca fait mal aux jambes mais ca m'a bien servi.
Max du kilometrage sur la semaine: 72 kms
Petite réflexion sur le plan, je l'ai trouvé dur a tenir a certains moments, car je courrais habituellement 4 fois par semaine en période de préparation et passer à 5 séances a parfois été difficile pour tout concilier: vie perso, boulot, entraînement...donc à certains moments j'ai supprimé une séance dans la semaine pour récupérer. L'alternance citée dans pas mal de mags entre semaines chargées et semaine de repos relatif est sans doute une très bonne chose.
En dernière semaine je m'étais imaginé courir 20 minutes par ci ou par là pour garder du rythme...Au final, j'ai fait un footing d'une heure le lundi et une séance de VMA (8 fois 1' rapide/lent) le mardi avant de commencer à manger des pâtes à fond...Sinon que de la marche dans la semaine

L'alimentation sur un ultra de nuit:

La "bouffe", c'est un peu le nerf de la guerre paraît il. A l'entraînement quasi systématiquement je pars avec une boisson (eau ou isotonique type hydrixir) des que ca dépasse une heure ou qu'il fait chaud.
Pour le marathon j'avais bouffé des gels tous les 5 ou 10 kilomètres, sans éprouver de dégoût particulier. Là en revanche avec la nuit le froid et la distance les choses se compliquent. Au final comme souvent dans ces moments je suis parti avec beaucoup trop de trucs dans les poches pour ne consommer qu'une partie de tout ca (j'avais fait le choix d'etre autonome sur le plan alimentaire et de ne prendre que de l'eau aux ravitos et le plus tard possible). Donc au final j'ai consommé une barre ovomaltine, 2 gels coups de fouet "schlaka", 3 gels antioxydants, une pate de fruit et un gel red tonic sprint -ca- te -met- la- ouache- dans- les- derniers- kilo
Pour le reste c'est super classique: pas de régime dissocié, une seance VMA a j-5 associée a une prise de glucides pendant 5 jours, du malto les 3 derniers jours, du gatosport avant de partir.

Le matos:

Autre point névralgique de mon point de vue, pour pas se maudire tous les 200 metres ou arrêter prématurément, le matériel a été choisi, testé et sélectionné en fonction de la météo du jour et de mes préférences (on en a tous).
- Chaussettes X socks modèle trail: rien à dire de particulier, elles sont chaudes ce qu'il faut
- Chaussures nike air pegasus trail: un peu light en stabilité dans certaines sections j'ai presque regretté de ne pas avoir embarqué les salomon XT wings...mais l'amorti et la legereté des nike etait parfaits sur les sections (longues sur cette course) de route et de sentiers faciles.
- collant long D4: une valeur sure testé par toutes temperatures, par moments je sentais le froid percer au niveau des cuisses mais rien de méchant
- T shirts à manches longues: comme la méteo etait pas trop hard j'ai opté pour une juxtaposition de 2 t shirt: un craft , tip top  pour le snow, la course, ca respire super et c'est chaud en plus d'etre leger, et par dessus un t shirt under armour ML cold gear, compressif, chaud et leger. BOn au bout de 7 heures tout ca etait pas mal mouillé de sueur mais je n'ai finalement pas ressenti le froid de trop.
- veste coupe vent: la veste qui ne me quitte pas beaucoup des qu'il y a du vent: north face a fait des miracles avec ce gilet super le ger et ultra protecteur: hydrogen vest
-dans le sac en cas de pluie: veste north face hybrid trajectory, super quand il flotte, très legere et confortable.
- la lampe: tikka xp: suffisante surtout quand on court en groupe mais peut être limite quand on est seul...legere par rapport a d'autres plus puissantes
-les petits plus : les manchons de compression booster: une vraie découverte, ca soulage énormément , les buffs: ca perso c'est un truc que je trouve indispensable, tellement ca apporte de confort....les gants pour gérer quand ca caille (presque pas utilisés cette fois)
- sac à dos: Salomon 10 litres avec pipette the source. Nickel, portage pres du corps ca ne bouge pas et c'est confortable
On met tout le matos sans probleme. Seul regret pas de poche de ceinture, j'ai du rajouter une ceinture D4 et une pochette pour porter les gels ...
A retenir: vu le gobelet il peut etre pas mal de prevoir un système d'attache efficace, genre un boute et un élastique ca pourrait le faire a condition de caler le bazar, le mien etait dans une poche externe et je checkais toutes les 5 minutes de peur de le perdre, ce qui est arrivé à pas mal de monde...