Samedi 16
juin 2014, 5H15 , je suis réveillé...pas moyen de me rendormir , je tourne et
retourne dans mon lit, je finis par me lever . Petit dej' , douche , le
matériel est prêt de puis la veille , je n'ai pas de stress particulier, ca
change. Je charge tout dans la voiture et c'est parti pour un heure et des de
route, direction les Ardennes. Le temps est assez changeant, je traverse des
bancs de brume et la pluie semble prête a tomber. A la roche je me gare sur un
parking à l'écart et commence a m'habiller. Bientôt des Allemands viennent me
voir pour me demander ou se situe le PC de course...puis des Hollandais… je
ferme tout et pars a pied en ayant pris soin de passer ma veste car il ne fait
pas si chaud. 15 minutes plus tard j'arrive au Floreal, je recupere mon dossard
en 2 minutes il n'y a presque pas de file d'attente, c'est cool. Le welcome
package est simple: un buff aux couleurs du TDF, un gobelet réutilisable et un
roadbook avec la carte.
La
suite est simple , je sirote
tranquillement mon aquarius, prépare mon sac et mes mixtures d'hydrixir. A
H-30, un gel et un coup d'eau et je pars m'échauffer tranquillement en
reconnaissant les 300 derniers mètres du parcours (la course part et arrive au
même endroit…) .
10
minutes avant le départ, les gens commencent a se presser autour de l'arche de
départ, pas de briefing, mais l'excitation commence a monter.
Au top la
marée humaine s'engouffre sous la petite arche blanche et c'est parti pour 50
kilomètres.
Section 0/13 Kms:Temporiser
Au vu des
commentaires sur le parcours, cette course est réputée difficile donc j'ai
essayé de me réfréner dans les premiers kilomètres. C'est toujours difficile
pour moi de ne pas céder à la tentation...j'ai tâché de me caler sur le cardio
dès le départ, mais j'ai été surpris car les premiers kilomètres sont hyper
roulants , on commence sur la route et il n'y a pas de difficulté particulière.
Après une montée sans histoire, on oblique dans la forêt et très vite on tombe
sur la première côte ou je marche très vite car ca monte sec et je veux
m'économiser. La route se poursuit et arrive le kilometre 7, je cours facile
dans une descente et arrive a un cours d'eau, les gens a gauche sont en train
de traverser à la queue leu leu sur un mini pont, je choisis la "solution
offensive" à la Podium et pars sur un tout droit à travers le ruisseau. j'ai les deux pieds
trempés et ca vient juste de commencer…
Je
commence à m'interroger sur la justification de course technique, car jusque là
c'est du gâteau quand arrive le kilomètre 8,5 et là; directement les choses
changent du tout au tout...les montées sont abruptes, les descentes super
techniques et glissantes, les sections de plat ou j'avais prévu de courir se
font en marchant car les racines , les troncs effondrés , les plaques de
schiste et la gadoue ne rendent pas les choses aisées…, cruelle désillusion,
mon allure en prend un coup et la progression entre le 9eme kilometre et le
ravito est prudente. Une dernière montée et on arrive sur un parking, dans un
grand espace dégagé, quelques mètres plus loin se tient le premier ravito en
face d'une auberge. Je recharge une soft flask, , merci la dosette d'hydrixir ,
je ne m'attarde pas et repars tranquillement pour la suite.
Section 13/ 25 Assumer
On
attaque bien vite une descente très raide, les gens finissent generalement par
glisser sur les fesses et sur les mains, j'improvise une glissade facon
skimboard, ca marche plus ou moins bien, mais je reste debout. En bas on repart
le long de l'ourthe et bientot arrive une forte montée sur un massif de
cailloux , on s'aide d'une chaine accrochée à la roche… la suite est identique,
cette section est longue et usante, je progresse lentement, les sections le
long de l'ourthe sont tres techniques, on passe sous ou sur de nombreux troncs
et la boue est omniprésente. 16eme kilometre c'est l'heure de la blague du
jour, la premiere traversée à gué. En principe on a de l'eau jusqu'au genou
mais tres vite mon slip est trempé … ca doit etre mesuré par un géant du coin
;o) je repars trempé mais tranquillement pour enchainer de nouvelles sections
techniques , c'est tres long et ca use
physiquement. Au 20eme je commence a avoir serieusement mal aux cuisses et aux
mollets je sens des crampes qui se profilent, ca ne me rassure guere… mais je
continue.
Arrive
une sapiniere et une montée "dré dans l'pentu", là je commence a réellement
souffrir, j'essaye d'enlever les compressions qui compriment mes qaudri, ca
soulage un peu mais cette montée est longue et j'en bave. Je repars en
clopinant quand ca redevient plat pour recourir sur une descente boueuse.
Autour de
moi je vois que les gens commencent à être physiquement usés également, cette
section est vraiment difficile. On enchaîne une montée boueuse et arrive le
deuxieme ravito. Premier coca de la journée ca fait du bien, je vide mes poches
des différents déchets, rempli les 2 flasques (j'ai beaucoup bu dans la section
précédente…). La plupart des gens qui arrivent ont le visage marqué et beaucoup
s'assoient sur les bancs , c'est tentant me dis je, mais si je m'assoie j'ai
peur de repartir difficilement… aussi je continue .
Section 25/33: Tenir
Je repars
cahin caha en marchant ca descend cool , je poursuis , je ne me sens pas super
bien, au delà des crampes , je prends un gel à la caféine pour récupérer du
sucre , je crains un début d'hypoglycémie. Cette section est la plus courte de
la course (seulement 8 kms) mais elle me semble décisive, du fait des bosses à
gérer et de la fatigue accumulée sur la section précédente. D'ailleurs en
choisissant de repartir directement, j'ai laissé quelques unes des personnes
avec qui j'avais jusque là couru et je ne les ai pas revues par la suite…
Les 29 et
30 eme kilometres sont assez éprouvants, je progresse lentement aux alentours
de 5 kms / heure, pas terrible, mais j'ai franchement mal...j'abaisse les
manchons de compression sur mes mollets ca diminue la douleur et je continue.
Encore 2 bosses et voilà le ravito du 33eme kilometre. Surprise, ce ravito est
situé dans une maison particulière. Les tables sont devant le garage, je fais
une pause un peu plus longue pour boire un coca, vider mes déchets, remplir les
2 gourdes , souffler…
Section 33/45 : Gérer
la
section qui vient, fait 12 kilometres, de quoi souffrir un chouilla… je repars en
trottinant, sans chercher a force, ca decend en pente douce . On rejoint la
forêt et les sapins je cours avec un groupe de 4 personnes qui ont l'air plus
frais que moi… il reste moins de 20 bornes, il faut juste y aller tranquillement me dis je, et ne
pas déclencher de crampes… je cours doucement et ca fonctionne , sauf qu'à un
moment je fais un pas un peu sautillant et mon mollet droit se bloque j'étouffe un cri mais une personne s'arrete
pour m'aider à soulager cette vilaine crampe qui me cloue litteralement (un
tout grand merci au passage !) … c'est la cata j'ai super mal et je crains de
ne pouvoir repartir… il reste litteralement 15 kilometres et en marchant ca va
etre super long. Je decide de serrer les dents et de repartir asap en marchant
nons sans avoir completement abaisser les manchons de cuisses et de mollets sur
les chevilles...le look est horrible mais là je m'en fiche complètement...je
marche 200 mètres, c'est tout plat et le terrain est praticable je recommence à
courir doucement , en guettant le moindre signe de défaillance des mollets,
mais bizarrement ca passe… Je continue doucement et me dis que finalement comme
ca ca devrait tenir jusqu'au prochain ravito après quoi ce sera Maboge, la côte
la plus méchante du coin. JE trotinne toujours et je finis par rattraper les
gens avec qui je courrais avant. Un à un ils ont aussi semble t'il souffert de
crampes ou de mésaventures similaires et sont passés en mode survie. On
continue tous avec des airs de zombie jusqu'au prochain ravito, je tape la
discute avec un mec , ca fait passer le temps et ca me permet de ne pas me
focaliser sur mes douleurs. La pluie commence vaguement a tomber je sors la
veste pour la ranger quelques centaines de metres plus loin, fausse alerte.
Avec la race vest c'est un jeu d'enfant et ca evite de devoir tout enlever pour
tout remettre. Par moment j'ai quand meme un peu froid et remonte les
manchettes. Je continue a boire sans difficulté, c'est déjà ca . Une bonne
hydratation ca previent les crampes , mais je ne sais pas si ca les soulage!
40 eme
kilometre, je retire l'ipod, j'en ai assez de la musique, j'ai besoin
d'entendre la nature autour de moi.
C'est
vraiment bizarre, petit à petit mes jambes reprennent du tonus musculaire et
répondent de mieux en mieux, ca descend doucement et les chemins sont larges et
presque plat je recommence a courir presque correctement, 7 minutes au km sur
le 42 eme puis 6 min 08 au 43 , je continue a pousser jusqu'au ravito (5 minutes
47 , j'ai l'impression de renaitre). Je me fais régulierement doubler par des coureurs engagés sur le 13 ou le 26 kms ils sont beaucoup plus frais , je ne
me prends pas la tete.
Le ravito
est dans un creux de chemin, j'ai dejà mon plan en tête, j'enchaîne rapidement
la séquence que j'avais programmée : je remplis un bidon avec de l'hydrixir, je
bois un coca et je me prends 2 gels: un coup de fouet et un boost, ca ne sera
pas de trop pour affronter Maboge!
Section 45/ 50 : Finir
Revigoré
par le retour de meilleures sensations, je repars en trottant du ravito pour
recommencer à marcher quelques mètres plus loin car nous sommes déjà au pied de
l'imposante côte. Je jauge la situation et respire profondément en marchant. La
route est relativement large et même si elle est assez abrupte (on s'en
doutait!) elle n'est pas glissante, il y a plein de cailloux on dirait un
sentier de Gr des alpes , ca m'aide franchement a continuer. Je m'accroche et
poursuitsma progression tranquillement à un rythme régulier, cette montée va
durer un bon bout de temps et il me faudra 15 minutes et quelques pour venir à
bout du 45 eme kilometre (dont arret au stand), le haut de la côte arrive enfin
j'apercois devant une des personnes avec laquelle j'ai joué au yoyo pendant
toute la course, il a l'air encore frais et cours déjà, je trottine, ca passe et commence a accelerer
doucement et regulierement, poussé par les concurrents du 13 et du 26 qui eux
ne se posent pas de question et courent. Virage à droite et ca y est on est sur
le plateau, maintenant c'est de la descente littéralement jusque l'arrivée.
J'accélère encore, ca passe, mes jambes répondent bien, ca descend, je pousse
et le 47eme kilometre je le fais en 5minutes 17… tout va bien je dépasse des
concurrents y compris le monsieur yoyo de toute a l'heure, je suis franchement
extatique. Le 48eme kilometre est avalé en 4minutes 58, j'hallucine d'arriver a
continuer a ce rythme, ca descend toujours j'augmente le rythme et m'accroche
aux basques d'un concurrent du 26 . Bientot un grand panneau nous indique qu'ils
reste un peu plus d'un kilometre avant l'arrivée, c'est l'occasion d'une
derniere descente en lacets avec un peu de boue, qu'à cela ne tienne je vole et
finis aux pieds de la pente, prêt pour la derniere vacherie du jour: une petite
traversée de rivière. Je me jette à l'eau directement et là, bad trip, mes
mollets couinent et moi je grince des dents. Un pas, puis un autre, je souffre
et avance exhorté par tous les spectateurs amassés sur la berge d'en face. Au
milieu du gué une mini crampe me fait grimacer, je perds l'équilibre, me
rattrape et continue a progresser pour sortir ruisselant sur la berge d'en
face.
Je
recommence a courir, ca passe alors j'envoie il ne reste que 500 mètres , je me
relache un peu a un moment mais entend une charge derriere, dans un sursaut
d'orgueil je résiste et pars en sprint pour finalement doubler encore une autre
personne et finir cette fichue course…
Je
m'effondre sur un fauteuil j'ai un peu mal partout et besoin de souffler. Je suis super content
en tous cas! Bien content de ne pas avoir baissé les bras, d'avoir attendu que
ca revienne et d'avoir reussi a finir en courant …
Deux
quartiers de pastèque et de l'hydrixir plus tard, c'est déjà l'heure de
rentrer.
Quelques chiffres :
- 3H13 pour arriver au premier ravito
- 15 minutes 21 pour venir a bout de Maboge
- 6,5 doses d'hydrixir
- 8 gels
- 2 barres salées overstims
- 6h52 ; 53eme classé
Matos:
- Debardeur s Lab Salomon
- T shirt sans manches
- Cuissard D4
- Short Salomon trail
- Chaussettes Injinji
- Sac slab 5
- GPS + Cardio
- peregrine 4 Saucony
Tops et flops (preparation et matos)
- La plus grosse satisfaction coté matos c'etait l'utilisation des chaussettes injinji ,d'ordinaire je finis souvent avec des ampoules et un ou deux voire trois ongles en moins et là , rien, pas de souci. Clairement une solution qui fonctionne bien pour moi. (ca plus la nok)
- Le ravito a été grandement facilité grace aux dosettes Hydrixir. Le gout peche est top et ne m'a pas écoeuré meme après 6 heures . Ca passait juste bien (idem pour les gels liquides et les barres salées).
- Le truc qui le fait bien: la paire de mitaines, ca protege suffisamment sans donner trop chaud et c'etait bien utile pour gerer les troncs d'arbres, les cailloux ou la boue...
- Grosse désillusion par contre côté compression. j'imaginais que ca pouvait m'aider et m'éviter d'avoir mal trop vite et c'est l'inverse qui s'est produit. Après 3 heures c'etait douloureux et apres 4 , c'etait devenu insupportable :( a voir donc. voir le test preliminaire ici qui n'a malheureusement pas été transformé en course...
- Mon plan de marche: je l'avais cogité et peaufiné avec soin, j'avais juste omis un détail: la difficulté du terrain...big fail ...
Glop:
- Le côté eco de la manifestation: chacun recoit un gobelet re utilisable , ca limite les dechets . Par contre le gobelet etait moyennement efficace, heureusement j'avais embarqué le mien (eco tasse raidlight) …
- Les paysages , particulierement dans la premiere partie etaient somptueux, les traversées de riviere sur les petits ponts ou le barrage de Nisramont de toute beauté
- l'ambiance etait globalement super chaleureuse, c'etait sympa de voir des spectateurs, même au milieu de nulle part !
- Le marquage: globalement satisfaisant, on se retrouve toujours avant de se sentir perdu …
Pas glop
- Le prix : 37 euros c'est vraiment cher et je ne vois pas ce qui le justifie (ravitos normaux, pas de t shirt , il est où le truc?) si ce n'est la recherche du profit?
- La pasta party payante : encore 15 euros a sortir en sus … je trouve ca un peu abusé
- Les trailers pas vraiment soucieux de l'environnement: je n'ai jamais vu autant de dechets par terre (d'ailleurs au passage, proposer des balistos au ravito c'est sympa mais quand on voit le nombre d'etuis qui jonchaient les chemins , on a de quoi s'interroger…) . Ca casse un peu le mythe du trailer ecolo...
Question :
Et si
c'etait a refaire? : une paire de batons pourrait etre la bienvenue….au vu du
nombre de cotes a grimper, ca peut etre une bonne option. Idem pour les
descentes pour freiner:)
Peut etre retravailler sur les squats et la chaise pour muscler les quadri et travailler les enchainements marcher en côte et recourir derriere.
Ressources :
Le site
de l'organisation.
le reportage de TV Lux
une video du 26 ; qui reprend je trouve assez bien quelques unes des jolies difficultés du coin:
et encore une video du 100 qui etait forcement, la distance reine (bravo Steven au passage !).