Devenir cent bornard est souvent un objectif à part entière dans une carrière de coureur. Après avoir couru quelques trails de 80 kms et plus l'idée saugrenue de tenter la distance mythique sur l'asphalte m'est venue et après quelques recherches et hasards du calendrier j'ai jeté mon dévolu sur l'une des plus vieilles courses de l'hexagone : les 100 kms à pied de Steenwerck qui fêtaient cette année 42 éditions !
La dernière semaine de préparation laissait comme bien souvent place au doute , quelques douleurs par ci par là, un peu de stress et des prévisions méteo qui annonçaient un temps chaud et sec ...
Après 3 trains et quelques sueurs froides pour trouver un train a destination de Lille (en même temps une veille d'ascension, c'est moyennement malin de ne pas avoir réservé...), j'arrive à Steenwerck. on est immédiatement dans le bain car depuis le train je voyais déjà des colonnes de coureurs partis sur l'épreuve du tour d'un soir ou sur la version open de la course (qui permet de finir l'épreuve des 100 kms en 24h ce qui ouvre la possibilité a de nombreuses personnes de tous âges et conditions de se lancer dans l'aventure).
L'ambiance est bon enfant et je fais directement un arrêt au poste de pointage de la gare pour demander mon chemin et marcher jusqu'au centre névralgique de la course qui se trouve au centre ville. l'occasion de reperer un morceau du parcours et d'apprécier les fameuses montées sur les ponts qui jalonnent le parcours , ca monte bien et ca risque de faire mal après quelques kilomètres. Sinon pour le reste ca a l'air d'être très plat et ...bitumeux !
J'arrive dans la hall des sports du village pour récupérer mon dossard et essayer de trouver les lits mis a disposition.
je suis un peu fatigué et j'ai hâte de m'étendre. Nous sommes 6 dans la salle de repos qui jouxte la halle de sport et les bandas qui jouent dehors n'aident pas a fermer l'oeil , j'aurais dû prendre des boules quiès...Derniers préparatifs, j'ai juste envie d'y aller mais il reste encore quelques heures de sommeil qui se feront rares car même au beau milieu de la nuit il y a des gens qui crient et on entend des encouragements de coureurs qui passent, je dors peu et à 4 heures je suis bien réveillé... 4H15 ca commence a bouger et les gens se réveillent doucement pour s'habiller .
Du fait des conditions annoncées particulièrement chaudes (26° au bas mot ...) , j'ai pris une option super light: débardeur Slab ultra léger, cuissard compressif et short léger, casquette et t shirt et un buff et pour gerer le froid matinal (relatif il fait deja 13° a 5 heures du mat'...) j'ai enfilé des manchettes et mon gilet sans manches . Je flippe un peu pour mes pieds et m'enduis copieusement de Nok avant d'enfiler mes Injinji.
je n'ai vraiment pas faim mais je me force a manger une demi banane au ravito avec une infusion.
Je dépose mon sac à la consigne , ajuste le sac et les gourdes et me colle sur une chaise pour attendre le briefing. 5 minutes de briefing c'est court , concis et efficace.
Tous les coureurs partent en convoi jusqu'au kilometre zero non sans avoir déposé son bulletin de participation dans l'urne (qui sert aussi de confirmation de participation) et on procède à un tirage au sort sur la ligne de depart pour une inscription au marathon de Lausanne. ca semble un peu incongru à cette heure matinale et il est bientôt temps de partir.
Petit décompte à la bonne franquette et c'est parti pour une boucle de 7, 5 kilomètres dans le village pour étirer le peloton qui n'est pas particulièrement massif puisque nous sommes environ 60 à nous élancer pour la "course du matin" (par opposition à la course open), le premier sur la ligne de départ est un coureur non voyant encadré par 3 vélos, impressionnant. petite particularité , un des concurrents vient en fait de terminer une heure avant son premier 100 kms (il a fait la version open) et rempile sur la course du matin...
un début tranquille ...
je pars tranquillement mais finalement plus vite que ce qui est prévu puisque je suis à 5 minutes 38 au kilomètre sur les 2 premiers kilomètres , j'essaye de me réfréner mais en même temps il fait bon, les jambes répondent bien et les températures annoncées plus tard me forceront certainement à lever le pied.
petit AFK bio dans le fossé quelques temps plus tard , on passe dans des petites routes au milieu des champs et des fermes locales pour reboucler sur le village lui même et bientôt on en fini avec le tracé bleu qui rejoint enfin la ligne rouge qui démarque la première boucle du parcours (la deuxième étant rouge). je cours avec Philippe et nous discutons tranquillement tout en courant aux alentours de 5 minutes 50/ 6 minutes ce qui me correspond tout à fait.
Côté stratégie de course j'ai décidé de courir un peu plus vite sur les premières heures pour profiter de la relative fraîcheur mais sans me cramer ce qui peut être difficile à mettre en oeuvre mais je garde les yeux rivés sur le cardio pour ne pas m'emballer et ne pas dépasser les 157 bpm... ce qui arrive cependant dans les montées sur les ponts.
On croise tout le temps des personnes engagées sur la course open partie la veille donc les gens sont dans des situations diverses, certaines comme nous sont sur leur première boucle, d'autres viennent d'engager leur 2eme voire troisieme boucle. pour cette première section j'ai prévu de ne m'arrêter qu'au 25 eme kilometre au ravito de la croix du bac. Manifestement il y a des stratégies de course particulières sur 100 kms car certaines personnes courent sans rien (pas de gourde ou de gels) et gèrent avec les ravitos ou leur accompagnateur à vélo, cela me surprend mais ca a l'air de marcher et la personne qui finira premiere feminine nous dépasse , sans accompagnateur, bouteille d'eau ou sac , impressionnante!
Fin de la première boucle, nous repassons à la salle de sport. on entre par une porte pour longer la table du ravito puis on ressort par une autre porte. Quand on fini la boucle rouge on enchaîne avec la jaune et ainsi de suite. La fin de cette premiere boucle bleue/ rouge nous amène au kilomètre 21,7 et le chrono indique 2H08 je suis tranquille , pas d'arrêt au stand je poursuis sur la boucle jaune. Quelques pavés puis les rues du village et bientôt on retrouve la ligne bleue pour quelques kilomètres conjoints avec la ligne jaune. on poursuit avec Philippe sur notre rythme tranquille mais déjà la température commence à grimper , je continue a m'alimenter régulièrement et à boire à fond pour ne pas entamer mon capital hydrique de trop et je grappille un ou deux verres dans ravitos ou je n'avais pas prévu de m'arreter mais qu'importe il faut boire pour tenir ... la deuxieme boucle est un peu plus sinueuse et me semble plus agréable mais c'est probablement psychologique? Philippe fait une pose quelques kilometres avant la fin de la boucle jaune pour récuperer son fils a velo puis me ratrappe et on continue ensemble sous un soleil de plomb et une chaleur déjà écrasante. on croise Lydie que l'on reconnait au son des pastilles de sel qui l'accompagnent comme des maracas et on poursuit ensemble notre progression .
Deuxième boucle ...
Fin de la première boucle on repasse par la salle on en est à 3H43 de course pour 37 ,14 kilomètres, tout va bien capt'ain! pas d'arrêt j'enchaîne directement sur la boucle rouge Philippe me rattrape a nouveau et on reprend notre progression. Arrive la gare de Steenwerck qui va constituer mon deuxieme arrêt au stand, je mange de la banane et bois plusieurs verres, j'ai chaud et commence à m'asperger d'eau , mon buff est trempé et je le place sur mon crane pour me maintenir au frais , une technique répétée sur tous les prochains arrêts. on arrive sur la fin de la boucle rouge et ca y est on depasse la marque des 50 premiers kilomètres. Philippe a branché son enceinte MP3 et on court en musique! Johny Hallyday nous pète un petit "allumer le feu" qui me semble de circonstances , je souris et repars de plus belle. Mon estomac me fait bientôt comprendre que les barres Isostar ne passent pas et je vais passer uniquement sur un régime banane, solution glucosée, coca, eau gazeuse et eau plate dans les gourdes pour le restant de la course (avec quelques tuc quand même) . Déjà la chaleur qui nous abruti commence a faire des ravages, des participants partis plus rapidement que nous sont en train de marcher et pour certains la souffrance est visible. ma vitesse reste stable mais mon cardio est monté sensiblement puisque je suis à 160/161 tout le temps, ce soleil est vraiment implacable... d'ailleurs dans la montée à 3 kilomètres de l'arrivée je marche pour préserver mes forces, ca y est je suis clairement en mode survie ... j'ai rattrapé Lydie qui nous avait déposé quelques temps plus tôt , elle semble en proie à des douleurs du dos et va d'ailleurs s'arrêter pour ne pas empirer les choses (sciatique).
Dernière boucle , dernier rush!
Fin de la deuxième boucle je suis tout seul et on approche la marque des 70 kilomètres , je m'arrête boire quelques verres et grignoter au stand pour repartir sur la dernière boucle, je recroise Lydie qui à l'air mal en point puis Philippe qui s'est encore changé ;) et continue sa progression accompagné par son fiston à velo, on se tape dans la main en se disant que la prochaine fois qu'on se verra ce sera à l'arrivée ... je poursuis sur mon petit rythme tranquille et la chaleur a encore augmenté d'un cran. je m'arrête maintenant à chaque ravito pour m'asperger copieusement d'eau mais il fait tellement chaud que ca suffit a peine... bonne montée avant la gare je marche et vois plusieurs concurrents devant à quelques dizaines de metres , l'allure s'est ralentie... je marche dans cette montée et relance en haut de la côte mais 2 autres concurrent s continuent a marcher, je dépasse sans forcer . Arrêt au stand je suis avec la deuxieme féminine et repars en marchant, moyennement vaillant. je joue à l'accordéon avec les concurrent s que j'ai dépassés qui sont repartis plus vite on se ratrappe mutuellement dans un jeu de chassé croisé , les ultras c'est aussi ca. J'arrive encore a courir , pas forcement très rapidement mais en tous cas je cours entre mes arrêts aux ravitos car oui à ce stade je m'arrête a tous les ravitos, j'ai donc reduit le poids de mon sac avec une seule flasque d'eau remplie et je bois au ravito et m'asperge d'eau. Je termine enfin cette boucle rouge et rentre dans la salle des sports, il est 15H02 et je viens de faire 84,56 kilometres et j'arrive toujours a courir, chose fort appréciable. je repars sur cette derniere boucle jaune en marchant sur les pavés et quand arrive le bitume je cours. Mes chaussures collent au bitume qui fond par endroit il fait tres chaud et je sens que j'ai un peu zappé le coté creme solaire , je suis certainement en train de bruler , ca va etre gai le coup de soleil facon marcel... ravito de la croix du bac je m'arrete , me ravitaille et remercie les bénévoles au top, puis repars , un dernier coup de yoyo avec la deuxieme féminine puis je depasse et ne m'arrête plus , c'est la dernière boucle je vais jusqu'au bout ... je remonte encore des concurrents en puisant dans mes reserves , j'ai encore des forces , j'hallucine. je fais un dernier arrêt au stand au froid nid il reste moins de 7 kilometres mon objectif de finir en deçà des 11 heures semble à portée , je jubile... je repars en courant et me surprend a augmenter mon allure , je me refrène pour éviter une surchauffe qui pourrait s'avérer pénalisante , si près du but... je serre les dents et j'envoie ce qui me reste de forces , le cardio grimpe aux alentours de 165 mais ca passe, je bois a ma gourde et m'accroche.
Derniere montée je marche en regardant par dessus mon épaule, personne à l'horizon... dernière descente je suis à 2 kilomètres de l'arrivée , je continue. Ca y est je rentre dans Steenwerck, ca défile je force l'allure . les rues défilent et voici l'église , je contourne et me lance dans les derniers mètres pour franchir la ligne d'arrivée en 10H51 30 " . Objectif rempli!
Cerise sur le gateau je suis 13ème de la course ce qui me fait halluciner, mais les conditions éprouvantes ont manifestement fait des ravages... Merci Lydie pour les photos !
une orange c'est top à l'arrivée! |
bon j'ai l'air d'être bien décalqué quand même... |
Après une restauration de fruits et de coca/ eau je prends une douche et fais la queue pour un massage et assiste à l'arrivée de Philippe. on se congratule mutuellement et je pars me faire masser (trop bien!, merci à la sympathique bénévole qui m'a aidé à récupérer plus vite!).
Puis c'est l'heure de rentrer , un tout grand merci à la dame qui nous a amené à la gare de bailleul pour prendre le train!
Glop
- L'organisation, 42 editions clairement ca fait la différence .. la machine est bien huilée , c'est du super pro
- les rencontres , j'ai parlé avec des gens super sympas et partagé des bouts de route à la cool comme en trail en fait !
- les ravitos au top!
- les bénévoles aux petits oignons , clairement l'une des meilleures équipes que j'ai pu voir à l'oeuvre
- les massages, je n'avais jamais testé mais c'est vraiment pas mal pour évacuer les toxines...
Moins glop
pas facile de trouver des points négatifs , mais si, le côté écolo manque dans cette manifestation... donc amis organisateurs , une suggestion, pourquoi ne pas demander aux gens de courir avec un gobelet réutilisable comme sur de nombreux trails ? car malgré les poubelles omniprésentes il y avait des gobelets partout , sans compter les gels et autres ordures...
Matos :
- Slip décathlon
- Cuissard de compression nike pro version été
- short salomon trail
- manchettes btwin
- gilet north face ultra leger
- debardeur Slab Salomon
- Chaussettes injinji
- manchettes de compression Booster BV Sports
- Chaussures Hoka One One Challenger
- GPS GArmin Forerunner 230 (qui a tenu sans problème toute la course en finissant à 16% de batterie!)
- Buff Anton Krupicka
- Casquette Headsweats surfing Yeti
- MP3 player Crypto mais pas du tout utilisé ...
- lunettes de soleil photochromiques Orao 700
- Race vest Salomon Slab Adv 5
- lunettes de soleil photochromiques Orao 700
- Race vest Salomon Slab Adv 5
Note pour le futur:
Si c'était a refaire,
Si c'était a refaire,
- Emporter un masque et des boules quiès pour dormir plus tranquillement
- reserver le billet de train a l'avance pour eviter le rush de la veille d'un jour férié ...
- Bien tartiner la creme solaire , surtout sur les épaules
- S'arreter plus souvent plus tôt mais pas longtemps et courir plus leger (moins de liquide et de nourriture)
- ne pas tenter les barres s'il fait super chaud
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