la grimace du grand Georges récit...
Cet hiver je m'étais programmé un trail à côté de la maison: un 62 kms qui avait donné son lot de mauvaises blagues (2 fois perdu...) , de conditions climatiques rigoureuses (-3°C...) et bizarrement une certaine fraîcheur à l'arrivée que je n'avais jamais connue jusque là. D'ailleurs je ne sais toujours pas à quoi c'est dû, l'entraînement, l'habitude ou le fait d'utiliser des chaussures avec un drop moindre (6mm)...
Bref, le printemps est arrivé et je me suis penché sur une nouvelle course. Les hasards du calendrier font que j’ai voulu me programmer une course avant juin et j’ai fini par tomber sur la grimace du grand georges, un joli trail en Ardennes, à une heure de la maison, avec 3 parcours, 28, 55 et 80 kms (78,22, pour être exact). En principe pour chacune de mes courses j’ai suivi un entraînement super planifié sur au moins 3 mois (le plus court je crois que c’était l’ecotrail 50kms de paris…) voire beaucoup plus. Là en regardant le calendrier , je m’aperçois qu’il reste 5 semaines…
Si j’avais été complètement raisonnable et sensé je me serai probablement dirigé vers le 55 kms / 1500 D+, mais j’aime les longues distances et j’avais envie de me refaire un 80kms… après quelques hésitations je m’inscris en ligne et je sors mes tableurs excel pour programmer 5 semaines de folie… j’ai peu couru proportionnellement ces derniers temps et très peu de sorties longues depuis la mazerine…les 4 semaines d’entrainement sont assez intensives, je mange de la borne avec en point d’orgue une semaine à 100 kms (course et marche) dont une sortie de 3H30, je suis fourbu… une semaine à 50% de charge et une seance d’ostheopathie plus tard je rentre dans la derniere semaine : seance VMA puis pates à donf ….
Samedi soir, apres 2 heures et quelques de train et 2 changements, je debarque enfin à Marche en Famenne, une petite seance de hiking, ca fait les jarrets , et me voilà arrivé au camping Paola. Pas de souci je pose a tente et repars manger… des pâtes en ville. S’ensuit une nuit courte entre coupée de reveils provoquées par les hurlements de mes voisins bruyants, pas cool, l’avantage, je suis réveillé à 4H15 sans reveil.
Je me traîne, à moitié gelé dans ma tente quechua bien humide de condensation, et me prépare. Après 12 milliards de reflexions et hesitations je me decide a opter pour le duo short / cuissard plutot qu’un collant 3/4 , il ne fait finalement pas si froid (bon c’est pas l’été non plus). Pour le haut j’utilise la technique éprouvée de l’oignon : t shirt et manchettes, gilet coupe vent et un t shirt manches longues chaud par dessus, car il fait dans le 6°C…je descends jusqu’au lieu de départ et débarque avec tout mon barda, suscitant rires et interrogations chez nombre de mes interlocuteurs. Faut vraiment être malade pour camper a cette periode et surtout la veille d’une course apparemment ...
L’inscription est super rapide, les organisateurs sont aux petits soins, c’est chouette. Je dépose mes sacs, rempli les gourdes et me dirige vers l’arche. Il fait un peu frisquet et le jour se lève, petit briefing éclair en 3 langues et c’est parti, pas le temps de revasser, ca part cool. On enchaine petite montées et single tracks dans la foret c’est chouette et on court tout le temps , c’est sympa me dis je.
Quelques kilomètres plus loin je fais connaissance avec la gadoue et les chemins creusés de profondes ornières remplies d’eau…mes pieds sont deja a moitié trempés et j’ai a peine fait 5 kms … au detour d’un chemin je ramasse un dossard perdu par concurrent puis une veste tombée au milieu du chemin, je me balade avec le paquet pendant quelques kilometres, attendant le premier ravito, mais retrouve finalement son proprietaire , tout heureux de recuperer sa gore tex ;o) , les premieres côtes apparaissent et je marche tranquille , c’est l’occasion de taper la discute avec des concurrents, c’est plutot sympa, je ne regarde pas le chrono et profite du moment, les paysages sont superbes et magnifiés par un soleil, certes voilé, mais présent.
Après un bon gros passage boueux, j’enchaîne sur une descente au milieu des sapins dans l’herbe, puis une montée et une autre descente et voilà le premier ravito (17 kms). Je remplis mes bidons d’eau , remets un cachet d’isostar et c’est reparti je n’ai pas touché au buffet (coca, eau, chocolat, oranges et bananes). Encore une côte et en arrivant en haut une petite surprise, on coupe par une sapinière, il faut marcher/ sauter par dessus les branches de sapins qui jonchent le sol… les montagnes russes recommencent, montées et descentes s’enchainent sans s’arrêt, je marche beaucoup, j’ai décidé de ne pas trop me griller sur cette section qui est la plus longue (19 kms) les paysages sont là aussi splendides, j’en prends plein les mirettes.
Les single tracks sont particulièrement magiques, les descentes s’enchaînent et je reste au frein à main pour éviter de me fatiguer plus qu’il n’en faut, je veux profiter de cette course au maximum.
Une longue descente plus tard, un virage et voilà le deuxieme ravito, posé sur un trottoir sur une petite route. Je refais le plein des gourdes et vide un verre de coca, je bois énormément (par rapport a d’habitude) et j’etais a sec depuis 300 metres. Petit escalier, on longe le canal de la roche en ardennes et puis c’est reparti pour la forêt, ca fait un petit moment que je cours tout seul mais voilà un coureur qui me rattrape, je le suis encore quelques temps puis de nouveau le silence…je grignote frequemment et gels et barrres passent très bien, ca me rassure, car l’alimentation est toujours primordiale .
Probablement la section la plus fun et la plus sauvage, on passe dans de jolis endroits , mais ca glisse avec toutes cette boue et je me ramasse une bonne gamelle sur une pente boueuse mais fort heureusement sans gravité, je repars un peu tremblant …passage de ponts, franchissement de troncs effondrés, rien ne nous est épargné…
au detour d’un chemin je debouche sur une route et traverse un petit village, le fléchage me ramène vers la forêt et je ne suis plus très loin du Troisième ravito, je me détends c’est cool et… bing me volià face à un brusque changement de direction…les flèches indiquent la gauche, je regarde et vois effectivement des rubalises et marques sur ce talus qui monte de façon abrupte, c’est la sale blague du coin…je monte à 4 pattes en m’aidant des mains et de branches mortes que j’utilise comme des mini piolets, mes chaussures glissent, c’est pas franchement facile… je peste et gravis la bosse sous les yeux effarés de promeneurs avant de poursuivre sur une longue ascension qui m’amène directement au CP 3.
j’en profite pour récupérer les victuailles que j’avais déposées et laisser le t shirt a manches longues ca fait ca de moins a porter…la section qui suit est sensée etre la plus courte : 13 kms. Ca commence par une montée, puis des descentes qui s’enchainent, toujours dans de jolies forêts . C’est un peu moins boueux , mes pieds sont presques secs, les jambes commencent a etre lourdes , je continue a marcher en montée et trottiner en descente . Arrivé au 62 km je me fais un bon coup de flip, je pense avoir loupé le dernier ravito, je n’ai plus d’eau, j’ai un passage à vide. Arrive un passage dans les rochers , un photographe me dit : t’es a 500 metres du ravito…en fait je suis pas très frais , j’ai zappé que c’était au 65eme et pas au 62eme…je respire et repars finir ces 500 metres entre 2 glissades .
La pluie commence a tomber je decide de sortir la veste et range le reste dans le sac. Dernier remplissage de bidons je retrouve des concurrents du 55. tout le monde repart en marchant, je trottine, un escalier un petit bout de route et de nouveau la forêt. Pour cette dernière partie il ya encore un bosse à négocier, une ascension longue. Il me reste encore des forces et 13 bornes. La montée commence sur une route goudronnée, ca monte facile j’en profite pour marcher rapidement, puis ca monte moins, je cours, je reprends un gel, j’ai la gniak, j’ai envie de finir… derniere montée ou presque du parcours, je marche vite et je rebois , la pluie s’est calmée, j’ouvre la veste. Ca y est la derniere montée est finie , je me relâche et cours , j’arrive même à accélérer, il reste encore 7 kms , je sors un gel à la caféine, ca passe et ca me revigore, j’envoie. J’ai la pêche, ca descend tranquillement c’est parfait pour courir. Je remouille mes chaussures./ chaussettes dans un passage boueux, qu’importe, je continue. Un petit passage goudronné et une derniere montée, je marche, pour repartir de plus belle. Derniers kilomètres j’accélère, un randonneur me dit qu’il reste 500 mètres j’appuie un peu plus, passe le viaduc et accélère encore pour franchir l’arrivée après 9H55 d ‘efforts…Quelle balade !
alimentation :
Les gels liquides overstims, le top
le gel à la caféine : parfait pour finir
les barres salées : impeccable meme a 6 heures du mat’, ca passe.
Matos :
- Short et cuissard + booster
- T shirt, manchettes et gilet hydrogen north face
- T short ML craft
- Veste hybrid trajectory
- Buffs X2
- Brooks pure grit (note le grip de ces chaussures est quand meme limite.. ;a voir si la V2 a corrigé ce point)
Super glop :
- l’équipe organisatrice : ils ont été adorables et nous ont choyé comme des poneys de course ;o)
- le balisage : certainement le meilleur balisage que j'ai vu sur un trail, dès que j’avais un doute un pannonceau ou une fleche à la chaux me rappelait la bonne direction (meme si un certain nombre de pannonceaux ont été arrachés … force est de constater que le debalisage est un sport assez répandu...)
- la course elle même, certainement le trail qui ressemble le plus à un trail dans tout ce que j’ai couru jusqu’à présent !
moins glop :
- les passages bien techniques et glissants : certes ca rajoute du fun et un côté baroudeur au truc, mais est ce vraiment nécessaire quand t’as couru 60 bornes et que tu risques de te planter méchamment ?
- le debalisage sauvage..une chose est sure , y a des c**ns partout...pas cool
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